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Le glyphosate, parlons-en

 05  octobre  2017

De nouveau dans l’actualité, avec des points de vue tranchés, le glyphosate est plus que jamais au cœur d’enjeux économiques, environnementaux et sociétaux.

La question posée n’est plus de savoir si cette molécule sera interdite ou non mais de savoir quand et surtout comment accompagner les agriculteurs de France ainsi que tous les autres utilisateurs.

Par quoi remplacer ce produit « miracle » et bon marché ? Peut-on l’interdire en France avant les autres pays européens ? Peut-on fermer les frontières aux productions ayant eu recours à des produits interdits en France ou serons-nous naïfs en ayant interdit le glyphosate en France tout en consommant des produits importés sans garantie ni contrôle ? Bon courage aux responsables politiques qui vont devoir prendre des décisions.

Mais à Loué, que fait-on ? Le glyphosate, à Loué, comme tous les autres herbicides, ont toujours été interdits d’utilisation sur les parcours réservés aux volailles (9 ha par élevage en moyenne). Pour nous Fermiers de Loué, un herbicide présente un danger plus élevé encore quand les animaux consomment directement des produits traités. La quantité de végétaux, fruits, graines, picorés par nos volailles sur les parcours est considérable et la précaution de nos anciens s’était imposée naturellement.

Une autre décision importante a été prise il y a maintenant pratiquement 20 ans : interdire l’utilisation de plante OGM pour la nourriture de toutes les volailles de Loué. Nous étions sans doute les premiers et avions pris cette décision en considérant que les OGM n’étaient pas une solution durable et totalement éprouvée. L’exemple du soja OGM Roundup Ready inventé par Monsanto, propriétaire du Roundup, est particulièrement démonstratif. Ainsi les producteurs de soja OGM (des millions d’hectares en Amérique du Nord et du Sud) sèment du soja OGM RR. Quand les adventices (« mauvaises herbes ») poussent en même temps que la plantule de soja, les « farmers » sortent leurs pulvérisateurs avec le roundup et traitent les champs. Les adventices meurent et le soja survit et produit 15 % de plus. Ça c’était la théorie il y a 20 ans ; depuis les adventices ont appris à résister et les « farmers » augmentent toujours plus la dose de roundup. C’est l’impasse à court terme.

Ce qui est profondément désagréable pour ce soja OGM, c’est qu’ayant subi un traitement au glyphosate, la plantule est elle-même porteuse de la molécule. Les graines de soja OGM produites contiennent automatiquement des quantités significatives de glyphosate. Pas génial tout ça…

En interdisant les OGM pour toutes leurs filières, les Fermiers de Loué ont de nouveau protégé leurs consommateurs. Malheureusement les productions étiquetées sans OGM en France sont peu nombreuses. Les consommateurs ne savent pas que l’absence d’étiquetage de type « nourri sans OGM » doit être interprétée comme une quasi certitude que l’animal a consommé des OGM.

Les surcoûts pour la filière de Loué tracée et garantie sans OGM sont très importants, environ un million d’euros par an (20 millions sur 20 ans). Mais ils sont assumés fièrement par les producteurs comme d’autres charges : l’énergie renouvelable, la phytothérapie, le reboisement du bocage… Il ne sert à rien de parler de développement durable alors que l’on ne chercherait que le court terme. La transmission de génération en génération de notre filière ne se fait bien que parce qu’elle est en harmonie avec les attentes de la société. Plus que jamais nous sommes et nous serons jugés sur notre cohérence.

A Loué, le 5 octobre 2017